La motivation au travail : résultat d'enquête

  Il y a quelques mois déjà, nous avons lu les résultats de l’enquête (très sérieuse) réalisée en France durant l’été 2008 sur la motivation au travail. D’emblée, il ne parait pas inutile de préciser que l’objet de cette démarche est fort différent des enquêtes sur « le moral des Français » dont les résultats sont régulièrement diffusés dans les médias. L’objet est donc différent ainsi que la qualité de l’analyse.

Cette enquête (annuelle) est menée par le cabinet Sociovision qui «depuis plusieurs décennies, a choisi d’utiliser les sciences sociales pour aider les décideurs à mieux comprendre la société dans laquelle ils agissent. »

Nous reprenons ici quelques-uns des résultats obtenus accompagnés des commentaires de Sociovision à partir desquels nous développons nos propres analyses.

Quelques précisions :
L’enquête comporte plus de 1.000 questions sur tous les sujets de la vie.
Parmi les interviewés, 1197 salariés ont répondu à des questions portant sur les différentes composantes du travail et de la relation à l'entreprise.

1. Réussir sa vie dans tous les domaines

Actuellement, 74% des personnes interrogées déclarent qu’elles travaillent avant tout pour gagner leur vie mais que leurs centres d’intérêt sont ailleurs. A priori, ce résultat est peu surprenant : il n’est qu’à écouter autour de soi mais aussi en soi-même pour se douter qu’à une telle question la réponse est très majoritairement positive.
Néanmoins, ce chiffre est en forte hausse depuis 2001 (60%) .

L’analyse de Sociovision est éclairante : 

30 % des salariés se disent « tout à fait » d'accord avec l'idée de travailler avant tout pour gagner leur vie. "Pour ceux-là c’est bien un indicateur de moindre investissement au travail, corrélé à la perception d’un faible retour sur investissement. Mais, pour l’ensemble des salariés, la relativisation de la place du travail dans la vie est un acquis qui n’est pas uniquement un indicateur de faible vitalité au travail. On veut réussir sa vie dans tous les domaines, on a de multiples centres d’investissement, que la vie professionnelle doit permettre. "


2. La part de rêve

Il a été demandé aux interviewés s'ils étaient d'accord avec la phrase suivante : « Je travaille uniquement pour le salaire : si je pouvais, je m'arrêterais ».

Écoutons Sociovision : « Travailler ‘ uniquement pour le salaire ‘ exprime en général une frustration de reconnaissance et d’espoir de progrès. 25% des salariés sont ici « tout à fait » d’accord. Pour les cadres, 27% en « total d’accord », 55% chez les ouvriers. L’âge n’est pas discriminant, mais plutôt le salaire : 50% pour des revenus (foyer) au dessous de 1500€, 31% au dessus de 3.800€.
On rêve de s’arrêter surtout quand le travail est faible en gratifications, salaire ou autres. »

On pourrait éventuellement se demander si, pour les personnes concernées, ce n’est pas le rêve qu'elles portent en elles qui rend le travail si pénible ou un travail pénible qui incite au rêve…

"Il faut aimer ce qu'on fait", entend-t-on souvent de la part de celles et ceux qui ont réussi (et qui sont reconnus comme tels). L'adage est passé dans le langage courant. Il y a plusieurs années, je l'entendais pour la première fois de la part d'un antiquaire qui avait glissé cette phrase dans une conversation que je tenais avec lui.
Cela m'avait marqué. Ce qui n'aurait peut-être pas été le cas, s'il avait dit quelque chose comme "On réussit mieux quand on aime ce qu'on fait" (même si, à la réflexion, ce n'est pas si évident que ça !).

Sommes-nous libres d'aimer ce que nous voulons ? Pouvons-nous décider d'aimer ou de détester quelque chose ?

Quoi qu'il en soit, restaurer la motivation consistera à réduire l’écart entre les deux, d'une manière ou d'une autre...
Car, bien évidemment … La motivation est au cœur de la performance. Toujours ? Ce n'est peut-être pas si sûr.

Ces quelques réflexions, loin d'être anodines, devraient faire l'objet d'un prochain article car les problématiques qu'elles soulèvent pourraient bien déranger nos habitudes de points de vue sur la motivation.



Erwan BUREL - www.haute-performance.fr
HAUTE PERFORMANCE Conseil Formation Accompagnement
contact : erwan.burel@haute-performance.fr