La performance pour tous est-elle un mythe ?

Les formations au développement de la performance individuelle et d’équipe se multiplient depuis plusieurs années maintenant. Les méthodes et les techniques se succèdent au rythme des effets de mode. Leurs noms eux-mêmes, obscurs à souhait, offrent à leurs fondateurs et à leurs continuateurs toute latitude pour y apporter ici une évolution, là un complément, propice à entretenir l’engouement des clients que sont les entreprises, toutes acheteuses de formation professionnelle AT (analyse transactionnelle), PNL (Programmation Neuro-Linguistique), Process-com, ennéagramme,… Il n’est pas rare que certaines méthodes « à la mode » s’inspirent de précédentes, en les améliorant bien entendu.

Pour celles et ceux qui l’auraient oublié, rappelons ici que la formation professionnelle est, en France, une obligation légale pour toute entreprise qui se doit ainsi d’y consacrer chaque année un pourcentage minimum de sa masse salariale (0,55% pour les entreprises de moins de 10 salariés, 1,6% pour les autres).

On comprend dès lors le succès remportés par ces formations prometteuses de rendement, de créativité, d’innovation, et au bout du compte de profitabilité pour l’entreprise.

Au-delà de l’attrait exercé par ces méthodes, attrait bien légitime (qui ne veut pas devenir ?), se pose tout de même la question de leur crédibilité. Certes, les promoteurs de démarches performantes ne manqueront ni d’arguments, ni d’exemples, pour démontrer leur efficacité.
L’argument le plus fréquent consiste à expliquer que la réussite repose sur des principes d’actions et des comportements reproductibles. Comprendre comment agit telle personne reconnue pour son efficacité serait la clé pour « modéliser » sa manière d’agir. De là, tout individu motivé disposerait d’un moyen de reproduire ce comportement et remporter ainsi un certain succès dans tout ce qu’il entreprend.
Voilà pour la théorie.

On comprendra aisément que pour qu’une telle démarche fonctionne, il est nécessaire que l’apprenant s’immerge totalement dans un comportement identique au modèle dont les résultats sont recherchés. Il est indispensable de « penser comme… », « d’agir comme… », « de parler comme… », etc… etc…
Autrement, à savoir si le modèle n’est adopté que partiellement, comment garantir l’obtention des résultats tant désirés ? Un modèle, comme un processus, quel qu’il soit, est global. Il forme un tout cohérent dont la cohésion de l’ensemble des éléments définit l’identité de la structure. Pour dire les choses plus simplement, un modèle ne marche que s’il est copié intégralement, dans sa structure et dans sa logique de fonctionnement. Plus dans le fond que dans la forme.

Pour parvenir à cela, l’apprenant doit pouvoir changer, sans que ses croyances personnelles (dont ses propres limitations) ni ses émotions ne viennent contrarier ces comportements inhabituels pour lui. Et c’est souvent là que ça coince…

Un stage de formation peut amorcer un changement chez l’apprenant. Il s’agit d’un mouvement produit par la dynamique impulsée par le formateur :
- un regard nouveau sur soi, ses tendances, son potentiel,
- le goût d’évoluer en adoptant des attitudes et des comportements plus efficaces,
- une technique et une méthode permettant de jalonner cette évolution.

A l’issue de la formation, tout le monde est satisfait (du moins, en principe). Mais, il suffit de quelques jours pour que chacun retombe dans ses habitudes. Certains feront peut-être plus d’efforts que les autres pour se maintenir sur leurs lancées. Mais dans tous les cas, un accompagnement dans la durée permettra à chaque apprenant d’ancrer en lui-même des comportements nouveaux et efficaces. Et encore… rien n’est garanti. Ceux qui ne peuvent apprendre ne changeront pas dans la direction souhaitée. Mais c’est aussi parce que rien n’est garanti que certains « mauvais » élèves finissent un jour par surpasser tous les autres. Le jour où ils découvrent ce qui leur réussit et qui n’existe peut-être qu’en eux-mêmes et non dans un modèle pré-établi…

Former les autres aux démarches et méthodes de la performance présuppose de connaitre parfaitement ce qui réussit à soi-même, d’en comprendre les limites, d’en admettre l’unicité et d’accepter que toute autre personne possède son modèle unique et spécifique. Ce ne sont là que quelques pré-requis, encore insuffisants à eux-seuls pour accompagner autrui.




Erwan BUREL - www.haute-performance.fr
HAUTE PERFORMANCE Conseil Formation Accompagnement
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