La peur (2) - demain, la fin du monde !

 

J'exposais dans l'article précédent les principes fondamentaux de Haute Performance et exposais l'idée, vieille comme la planète, que la peur est bien cette mauvaise conseillère qu'on redoute tant... Dès lors,j'estime utile d'illustrer ces conceptions de principe par un exemple concret. Comme je l'écrivais, il ne sera pas question de la "grippe A - virus H1N1". Non pas que ce sujet soit inapproprié, loin s'en faut... Cependant, un autre sujet brûlant d'actualité a retenu mon attention...

Premier test de bombe H le 31 octobre 1952  sur l'atoll d'Eniwetok (îles Marshall)


Alimenter abusivement la peur – fantasme d'apocalypse

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Erwan BUREL - Responsable de la publication
www.haute-performance.fr

Comments

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[Alain Lipietz]

Il est dommage que l’auteur n’ait pas souhaité tenir compte des remarques que je lui avais adressées personnellement sur sa critique de mon interview (http://lipietz.net/spip.php?article2464).
La journaliste de La Tribune de l’économie a su synthétiser dans les quelques lignes qui lui étaient imparties un long entretien. Pour cela, elle a joué au maximum sur la syntaxe et la ponctuation. Il est dommage qu’Erwan Burel n’ait pas saisi ces nuances grammaticales.
1.     La journaliste ne me fait nullement dire que la hausse de la température de 3 degrés se produira en 2020. Rien dans son texte ne l’indique. Quiconque a compris les mécanismes d’un effet de serre se doute qu’il existe un « effet retard », analysé par les différents scénarios du GIEC.
Supposez que vous construisiez une serre, une nuit où il fait 12 degrés, entre 1 heures et 4 heures du matin. À 4 heures, la température sera toujours de 12 degrés. En revanche, si la température extérieure monte à +30 degrés dans la journée, il est probable que l’intérieur de la serre sera à 20 degrés la nuit suivante.
2.     La journaliste ne me fait nullement dire que le GIEC prédit un monde ressemblant à celui de Mad Max ainsi défini : « où une partie de ses habitants se barricade dans les lieux respirables pour se protéger d’un monde extérieur ravagé par la sécheresse et les épidémies. » Cette image d’une coupure du monde en deux en fonction des inégalités environnementales est cependant classique chez les négociateurs de la Convention climat. De la même façon, on parle improprement mais de façon imagée de « l’effet Genghis Khan » pour désigner la menace inverse d’un afflux violent de réfugiés climatiques vers les zones restées ou devenues tempérées. En aucun cas il ne s’agit de « la fin du monde ». On peut ne pas aimer ce monde (c’est mon cas) mais c’est un monde possible.
3.     Ce qui est plus grave, c’est que l’auteur analyse les prises de position du GIEC comme relevant de la « pensée unique ». Il faut bien comprendre que le GIEC regroupe l’ensemble des académies des sciences et des gouvernements du monde. Il énonce avec prudence de multiples scénarios en fonction des politiques plus ou moins prudentes qui seront menées, et donne une probabilité subjective quant aux conséquences géophysiques de chaque scénario. La prudence de ses membres n’a rien d’une « confidence », contrairement à ce qu’écrit l’auteur avec un certain sensationnalisme (« la vérité est ailleurs »). Il subsiste des voix totalement discordantes et il y aura toujours des gens pour défendre la théorie du complot, que ce soit à propos du 11 septembre, de la Shoah, etc. Galilée avait raison, mais il  était loin d’être isolé chez ses pairs, c’est l’Eglise qui refusait de les écouter. Le GIEC exprime bel et bien le consensus de l’écrasante majorité des experts, avec y compris une pondération de la probabilité de leur diagnostic.

[Erwan BUREL - Haute Performance Professionnelle]

Merci à Alain LIPIETZ d'avoir pris le temps de commenter cet article.

On comprendra qu'il ressente le besoin de s'expliquer, de se justifer et de là éventuellement de se laisser porter à attaquer celles et ceux qui expriment un désaccord avec certains
de ses propos. Mais, je le rappelle, je ne cherche pas à engager une polémique. L'extrait de l'interview que j'ai pris pour exemple n'avait que valeur d'illustration. Je le répète d'autres sujets
auraient pu remplir cet office.

Toutefois, les "techniques" de communication employées pour justifier les propos ne manqueront pas de sauter aux yeux ! Quant aux "nuances" dont il n'aurait pas été tenu compte, elles
étaient parfaitement absentes de l'interview.

Ce commentaire appelle donc quelques éclairages :

- Il n' jamais été question ici de mettre en cause le travail de la journaliste qui a reproduit les propos de M. Lipietz. Il n'en est pas à sa première interview et aurait pu s'assurer que le
résultat final rende compte de ces nuances.
Il me semble inutile donc de se retrancher derrière un tel paravent...

- L'explication de ce qu'est un "effet retard" est... fort édifiante. Mais, faut-il encore une fois, souligner l'absence d'échéance explicite autre que 2020 dans l'interview ? Cette imprécision de
l'information est, bien évidemment, source de confusion !
C'est là un principe de base en communication que ne peut ignorer A. Lipietz.

- C'est bien lui qui invoque et le GIEC et Alain GORE... Quant à l'image "Mad Max", qu'elle soit employée par des "négociateurs" (?!) de la Convention climat ne change rien au caractère alarmiste
et sensasionnaliste des propos tenus (les siens pas les miens...) ! 
Cette précision est d'ailleurs éloquente. Qui donc, mieux qu'un négociateur, maîtrise les arcanes de la communication pour parvenir à ses fins ? Le politique peut-être ?...

- Soyons honnête ! Je n'ai jamais présenté les "précautions" du GIEC comme étant confidentielles. D'autant plus, que je donne, à chaque fois, les références et les liens internet des documents
OFFICIELS du GIEC. Mauvais procès que voilà !...
C'est encore une manière de détourner l'information !

- J'insiste : ce n'est pas le GIEC ici qui est en cause, ce sont les propos d'A. LIPIETZ puisque lui-même déforme les conclusions du GIEC qui sont beaucoup plus complexes, subtiles et prudentes que
les propos alarmistes qu'il a tenus.
Et en plus, il voudrait faire croire que c'est moi qui n'en ai pas tenu compte.
Curieuse façon de penser que la sienne...

- Ce que je comprends de sa position vis-à-vis du GIEC :
"Non, le GIEC n'est pas la voix de la pensée unique, mais c'est le seul qui ait raison ! Les autres sont des tenants de la théorie du complot".
C'est tout simplement magnifique, tout en nuances.

L'anathème est sur ceux qui osent seulement écouter et réfléchir !

Enfin quand même... Je ne crois pas qu'il soit sain d'invoquer la Shoah et le 11 septembre à la légère et pour justifier une prise de position au fond politique compte tenu de la profonde gravité
de ces drames humains et des sentiments à peine exprimables (injustice, affliction, peine, tristesse,...) qu'ils suscitent.


Qu'on me permette d'être indigné...